dimanche 7 mars 2021

Écoute-moi, Amirbar

 




écoute-moi, Amirbar



Vagabond des âmes 
Naufragé des corps
Errant de la vie
De corps en corps 
Tu navigues
Sur les quêtes infinies
Sur les rives intimes 
Tu contemples
L'infime 
Les mines de l'envie
Les courbes lascives 
De l'oubli
Vagabond des âmes 
Naufragés des corps
Tu dérives 
Sur les mers
Des femmes
Les rivières
De misères 
Arrimés 
Aux souvenirs 
Des amis





(Corto Maltese, Sous le soleil de Minuit - Juan Díaz Canales & Rubén Pellejero)


    Quand la maladie vous assiége, les souvenirs s'évadent, les murailles du silence se brisent sous les assauts de malaria. Le corps se rend, s'abandonne à la mélancolie, cherchant un improbable armistice dans une explosion de mots. Gisant à la dérive des flots du délire arrimé sur un frêle lit miséreux, Maqroll vagabond de la vie raconte le temps d'une convalescence les vicissitudes de sa quête utopique, étale le baume des phrases salvatrices sur les cicatrices de son existence. 

          « Amirbar : j’y ai laissé des lambeaux de mon âme et une bonne part de l’énergie qui a embrasé ma jeunesse. J’en suis peut-être redescendu plus serein, mais je sais surtout que j’en garde une lassitude qui ne me quittera plus. Ce qui est venu ensuite n’a été que simple survie dans l’aventure laborieuse des jours ordinaires. Peu de chose. L’océan lui-même n’a pu me rendre à cette vocation de rêveur éveillé qu’Amirbar m’a fait perdre en échange du vide »


    Vide de la dépression, de la folie cupide qui s’empare des êtres dans la moiteur des entrailles de la mine, dans l’excavation des tréfonds de l’âme. Amirbar, objet de désir dans un pays où les êtres sèment la mort sur des terres devenues stériles, où le sang et la pluie inondent les cœurs, submergent les espoirs, fusillent les amours. Un pays où l’on demeure sans trop savoir pourquoi, où la rage peut couler à flot au sortir des tavernes, où les femmes aux allures chaloupées ne s’offrent pas mais s’oublient dans les estrans de la passion, les obligations de la vie. Dans cette peur et cette violence latente, Maqroll cuve sa vie à San Miguel dans des étreintes volées à la solitude, des fonds de vie en attendant la découverte du filon aurifère, chavirant de corps en corps dans la dérive des sentiments. 

« Puis il s’est de nouveau abîmé dans le silence qui lui servait de refuge ».

mardi 23 février 2021

Les paroles d'amour

Les paroles d'amour par Salomé


Quand je ne dis pas

"Quand mes yeux
te disent 
l’émerveillement 
de ton regard.

Quand mon doigt amoureux 
dessine ton visage 
et dit ainsi
l’espace qui m’habite.

Quand ma main donnante 
ouvre ton corps 
et appelle ainsi 
la vie qui te contient.

Quand mon souffle 
recrée le tien 
pour en mêler les songes 
et ouvrir à une naissance.

Quand il est doux 
d’être près de toi 
et vital de te le dire". 


    Les paroles d'amour celles de l'intimité, celles dessinées du bout des doigts sur les parchemins du corps à l'encre de l'envie. Des courbes sensuelles ponctuées des silences du désir, accrochées aux accords du plaisir. Des paroles pour l'autre écrite sur les frôlements du drap sur une pointe de sein, sur la musique des caresses. Des poèmes, des photos de corps qui s'enchaînent, s'enlacent, fusionnent au rythme des mots, des émotions. Une étreinte littéraire, des mots plaisirs à offrir à l'être cher, à insuffler dans son coeur au tempo des effleurements lascifs, de la mesure de la déraison charnelle.

Serie Corpus Song [UNIVERS BD, une librairie du réseau Canal BD]   

Baudoin, Corpus Song


     Les paroles d'amour à réciter pour ne pas l'oublier, ne pas la délaisser sur les rebords d'un coeur vide, pour la sentir exister dans le creux de nos mains, esquisser du bout des lèvres la déclinaison du verbe aimer sur sa nudité chaque nuit jusqu'à l'aube de sa beauté.


Je ne suis pas poète
C'est un fait
La métaphore 
N'est pas mon fort
La rime
Me déprime 
Certains vers
Me désespèrent 
J'écris 
Ma vie
J'extirpe
Les mots 
De mes tripes
De mes flots
Saignée 
D'émotions 
De sensation 
Des fix
De suffixes 
Alignés 
Sans arrêt 
Jusqu'à l'infini 
De mes envies 
Je ne suis pas poète 
C'est un fait
J'écris quand même 
Quelques items 
Ça calme 
Mon âme
alors je m'en vais
sur mes sentiers
de mots